Christophe Kern : « J'ai hâte de courir »


L'équipe « Brioches La Boulangère », avec Kern (debout, le 6e en partant de la droite). (AFP)

Le Bas-Rhinois Christophe Kern endossait hier son nouveau maillot, celui de Brioches La Boulangère, sa première équipe professionnelle (voir ci-contre). Impressions d'un néo-professionnel avide de disputer ses premières courses dans sa nouvelle famille.

- Alors, ce premier maillot, il vous plaît...
- Je l'aime bien. Il est rouge bordeaux. Le directeur de La Boulangère nous l'avait présenté lors de notre premier stage, il y a quinze jours. Cette fois, on a pu le présenter au public. Après, c'est sur le vélo qu'il faudra le montrer. Je suis très content d'être là, en « pro ». C'était mon objectif, cela trottait dans ma tête depuis que je suis junior, avec cette 3e place aux championnats du monde.

« Je repars de zéro »

- Votre parcours semblait tout tracé...
- C'est une suite logique. Maintenant, je repars de zéro. Tout ce que j'ai fait avant est dépassé. Cela ne compte plus. « Liège », champion de France, tout ça, c'est bien au niveau personnel. Dans un bagage professionnel, c'est rien. Pour ma première saison, j'espère décrocher une victoire. N'importe laquelle. C'est un peu l'objectif pour mes débuts. Ma première course sera au Qatar...
- On vous sent impatient.
- J'ai hâte de prendre le départ, me mettre dans l'ambiance. Cela me tarde. Ce ne sera plus long maintenant. L'hiver va passer vite. Encore un stage, du 20 au 28 janvier, à Saint-Raphaël, puis, de là, on partira directement pour le Tour du Qatar. En tant que néo-pro, on ne fera pas le Tour. On « fera » surtout le début et la fin de la saison. Dès ma première course, je vais essayer d'être devant.

« Avec Alain Vigneron »

- Déjà ?
- Je vais surtout découvrir. Je me suis bien entraîné. J'ai repris un mois plus tôt, début novembre. J'en suis déjà à 2 000 km. Au Qatar, je pense que je serai opérationnel. Bon, si je prends 10' ou 20', je me dirai qu'il me reste du boulot... Sinon, je ferai ce qu'on me demande. Mais si à la fin d'une étape, je peux être devant dans le final, je ne vais pas me gêner. C'est Alain Vigneron qui m'entraîne, c'est un ancien « pro », il me connaît pas mal...
- Il y a beaucoup de jeunes dans l'équipe. Cela facilite votre intégration ?
- Sylvain Chavanel n'a que trois ans de plus que moi... Je vais essayer de suivre son exemple. L'équipe a toujours basé son travail sur les jeunes. C'est à nous de leur donner raison, en ayant des résultats. Cette saison, le groupe comprend trois coureurs en moins, 17 au lieu de 20. Les jeunes devraient avoir leurs chances plus souvent. Je pense faire les classiques belges, Paris-Roubaix...

A l'écoute des « anciens »

- Paris-Roubaix, cela fait rêver ?
- C'est une épreuve qui se gagne avec l'expérience. Duclos-Lassalle l'a remportée à 34 ans, Musseuws n'est pas tout jeune non plus. Plus tôt on la court, mieux c'est. Dans quelques années, j'espère en prendre le départ pour la gagne. Il faut d'abord que je connaisse bien son parcours, les secteurs pavés... J'attends vraiment de courir, pour voir où je me situe au niveau « pro ».
- Comment se passent les premiers contacts ?
- On écoute ce que disent les anciens, les conseils qu'ils donnent. Cela me fera progresser plus vite. On parle souvent de la bonne ambiance de cette équipe... C'est vrai. Les gars sont tous très ouverts. C'est « sympa ». J'ai l'avantage de déjà les connaître un peu. La Boulangère, c'est un peu la suite de Vendée U. Ce n'est pas comme si je débarquais dans une structure étrangère.

« J'attends le Qatar ! »

- Vous avez tendance à être timide... et là ?
- J'ai toujours été ainsi. Lors du premier stage, je ne parlais pas trop. Je partageais ma chambre avec Nazon. J'écoutais surtout. Même chez Vendée U, j'ai attendu de d'abord connaître les gens avant de m'imposer. Après les premières courses, ils vont voir un peu comment je suis. Même s'ils n'ignorent pas mes qualités sur le vélo, c'est là qu'on apprend vraiment à se connaître.
- Qu'est-ce qui va changer entre les amateurs et les « pros » ?
- L'allure n'est pas la même. Ça ira plus vite. Mais, ce qui va changer, surtout, c'est la tactique de course. Chez les amateurs, c'est 1, 2, 3, partez, puis à fond du début à la fin. En « pro », ça peut partir doucement, puis accélérer un grand coup. Après, l'allure, on l'a ou pas. J'ai déjà roulé au Tour de l'Avenir, mais c'était des - 25 ans. A la Franco-belge, c'était en fin de saison. J'attends le Qatar !

Propos recueillis par Serge Bastide

© Dernières Nouvelles d'Alsace, Mardi 17 Décembre 2002.